June 22, 2010

Chère L


Hier, Je me promenais paresseusement sur la rue Mont Royal imaginant les balcons dentelés de ta ville.


La pluie voulait se venger ce jour-là quand on s’est cachées derrière cette Eglise à forniquer langoureusement. Tu craignais le blasphème, et moi émue, j’arrosais les marguerites qui furtivement, s’échappaient en dessous de ta jupe fripée.
Le soir dans son vieux salon improvisé, ta mère nous avait offert du thé avec du mouraba de framboises. Elle avait le regard fixé sur ta jupe et ma main qui, maladroitement manipulait la tasse chaude et sucrée. Le silence pesait fort. La voisine grignotait des semushkas attentive à la série télévisée qui ne cessait de montrer des femmes en sanglot.
Tu souriais mesquine tout en sachant que la réalité ne correspondrait jamais à cette scène qui se déroulait lentement devant nos yeux.
V. avait raison je n’aurai jamais du venir dans ce coin maudit. Les ruines pesaient affreusement sur mon cœur et j’avais envie de vomir. Ta mère nous racontait qu’à Bakou ou elle était née, les maisons étaient plus belles, les gens mieux habillés et la vie plus intéressante. J’étais triste pour elle. Et toi tu n’écoutais plus. Tu ne voulais plus entendre, ces gémissements infinis d’une vie interrompue. Tu détestais même ce thé qui n’arrêtait pas de couler tout au long d’une journée, à travers toute une vie.

Embrasse ta mère de ma part,

je t’offrirai des marguerites.

B.

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